vendredi 20 novembre 2020

STEWART Alexander Peter (1821-1908)

 

(Kansas City Journal, Kansas City: Etat du Missouri, 15 mars 1898, p.4)
 
(Zion’s Watch Tower and Herald of Christ’s Presence, Allegheny, 15 septembre 1908, R.4244)
 


vendredi 6 novembre 2020

Influence du pasteur Henry D. MOORE: 1865/1867

Né en 1822 à Philadelphie (Etat de Pennsylvanie), Henry D. Moore est le fils d’un fabricant d’articles en coton. Pendant 5 à 6 années, il étudia la théologie à travers des cours privés dispensés par le révérend Samuel B. Wyllie (1773-1852). En 1842, il obtint une licence dans le ministère évangélique (1). A la suite de son diplôme théologique, il devint un ecclésiastique particulièrement actif dans le mouvement Congrégationaliste. Aussi, entre 1843 et 1864, il exerça son activité religieuse, chronologiquement, dans les villes suivantes: Philadelphie, Portsmouth dans l’Etat du New Hampshire et Portland dans l’Etat du Maine (2). Pendant la guerre de Sécession, sa mission au service de son église locale fut perturbée. Il s’engagea alors comme aumônier dans le 13ème régiment du Maine. A la fin de ce conflit militaire, Moore retourna à Portland. Le 17 octobre 1865, il prêcha son dernier sermon, dans cette localité côtière, avant son départ pour Pittsburgh (3). 

Au début du mois de novembre 1865, le pasteur Henry D. Moore réalisa la dédicace de la première église Congrégationaliste de la ville située à Hand street (4) (5). Entre 1865 et 1875, à l'exception d'une courte période de temps, la "Plymouth Congregational Church" est restée l'unique paroisse de cette religion à Pittsburgh (6). A ses débuts, cette assemblée comportait 75 membres (7). 

A l'âge de 13 ans, Charles Taze Russell sera l'un des tout premiers adeptes, de l‘église Congrégationaliste, dirigée par le révérend Moore. L’histoire du deuxième président de la société Watch Tower mérite d’être exposée brièvement afin de contextualiser les faits. Selon son récit, Russell fut élevé par ses parents dans la religion presbytérienne. Au cours de son enfance, il assista aux décès brutaux de ses deux frères, de sa sœur et de sa mère Ann Eliza (1832-1861). Malgré ce traumatisme affectif, il continua d’assister aux offices presbytériens et avant ses douze ans, il se consacra "sans réserve à Dieu" (8). Pourtant, un peu plus d’une année plus tard, il décida de se joindre au mouvement Congrégationaliste "parce qu’il en préférait les idées" (9). Ainsi, ce sont principalement ses désirs personnels - telle qu’une forme de libéralisme spirituel - qui modelèrent ses pensées et dictèrent sa conduite du moment, comme le confirme cette publication: "Plus tard, il s’affilia à l’Église congrégationaliste, qui possédait un temple dans son quartier, à cause de ses conceptions plus libérales" (10). C’est donc dans  cette communauté de pensée, que Russell assista librement aux sermons du pasteur Moore pendant plus d‘un an et demi. Entre avril et septembre 1867, Henry D. Moore et sa famille décidèrent de déménager de Pittsburgh pour venir s’établir à Cincinnati dans l’Etat de l’Ohio. Le 5 mars 1868, il fut instauré officiellement comme étant le nouveau révérend de "Vine street Congregational Church" (11). Après le départ de son mentor vers d‘autres contrées, Charles T. Russell continua brièvement d’assister aux offices dirigés par Henry B. Ensworth, le successeur de Moore (12). Cependant, à l’âge vraisemblablement de 16 ans, un événement vint troubler la spiritualité  du jeune Pittsbourgeois: "En essayant de convertir au christianisme une personne de sa connaissance, un infidèle, il fut lui-même ébranlé de sa base sectaire et contraint au scepticisme" (13). Aussi, pendant les 2 années suivantes, il entreprit avidement un libre examen des croyances des Eglises de la chrétienté ainsi que des "religions païennes": "il consacra beaucoup de temps à l’étude du bouddhisme, du culte de Confucius et d’autres religions orientales, mais découvrit bientôt qu’elles ne sont pas dignes de foi" (14). Enfin, bien qu’il se dissocia progressivement de l’église Congrégationaliste locale, l’histoire ne nous permet pas de savoir si Russell entretint, après son départ, une correspondance avec le personnage charismatique qu’était Henry D. Moore. En 1873, suite à des problèmes de santé, le pasteur Moore décida de s’établir à Springfield dans l’Etat de l’Illinois. Il y vécut pendant un an et demi. Après son rétablissement, le révérend retourna à Cincinnati et il s’y installa, durablement, jusqu’à son décès en 1901 (15). Sept années plus tard, son épouse Sarah A. Moore (1922-1908) succomba dans la même ville. Ensemble, ils eurent plusieurs enfants, dont une fille prénommée Rachel Ella (1851-1932) qui avait sensiblement le même âge que Charles Taze Russell.

Présenté comme un personnage éloquent, chaleureux et extrêmement populaire, Henry D. Moore était un littéraliste. Il prêchait sur des thèmes pré-millénaristes et il réalisait des spéculations sur la base des prophéties bibliques (16) (17).

 

Parallèlement à ces activités spirituelles, H.D. Moore trouva dans l’ésotérisme, mais aussi dans les sciences occultes un vaste terrain d’expression. Amateur de secrets révélés, il adhéra avec passion à une pluralité de sociétés maçonniques et paramaçonniques. 

Franc-maçonnerie:

Pendant une longue partie de sa vie, le pasteur Moore s’est fortement investi dans la Franc-maçonnerie. Il en demeura un acteur important, influent et parfois contesté.
Initié en Pennsylvanie dans les années 1840, son accession aux hauts grades maçonniques fut extrêmement rapide. En 1848 et 1849, il occupa la fonction administrative prestigieuse de "Grand Aumônier": officier juridictionnel et membre du Grand Chapitre de la Maçonnerie de l’Arche Royale du Rite d’York (18) (19). Entre 1853 et 1875, les déménagements successifs du révérend Moore, l’amenèrent à changer régulièrement d’ateliers maçonniques. Aussi dans cet article, nous mettons en exergue les grades et les principales loges qu’il fréquenta lors de son dernier séjour dans l’Etat de l’Ohio:

  • McMillan Lodge, No.141 à Cincinnati (Maçons Libres et Acceptés: F. & A.M.):
    En 1885 et 1886, il assura la fonction de "Vénérable Maître" dans sa loge (20) (21). Ainsi, pendant deux années, il occupa la plus haute charge de son atelier en présidant les rituels et les cérémonies.
  • Kilwinning Chapter, No.97 à Cincinnati (Maçonnerie de l’Arche Royale: R.A.M. / 7ème degré du Rite d‘York):
    Henry D. Moore perfectionna sa connaissance ésotérique en pratiquant les hauts grades maçonniques à travers notamment celui de l’Arche Royale. Le thème de ce degré repose sur la recherche et la découverte accidentelle d’un mot qui est le nom sacré et mystérieux de Dieu: "Dans la légende de ce grade qui date de la construction du second temple, il est dit entre autres: "Sous les ruines du second temple de Jérusalem, on trouva une voûte. Après qu’on en eu enlevé une pierre après l’autre, les trois principaux, Zerubabel, Haggai et Josua descendirent et trouvèrent une pierre sur laquelle était gravé le nom de Jehova, etc."" (22).
    Aussi, entre 1885 et 1887, il occupa respectivement les fonctions d’officiers suivants:  "Excellent Roi" (23), "Très Excellent Grand Prêtre" (24), et "Principal Sojourner" (25). Lors de cette dernière année au service de son Chapitre, ses compagnons lui offrirent l’insigne de "Passé Grand Prêtre" en "témoignage de la considération et de l’estime qu’ils lui portent, pour ses services et pour sa valeur personnelle et maçonnique" (26).
  • Maçonnerie cryptique (8ème, 9ème et 10ème degrés du Rite d’York):
    En 1885, il assura le rôle de président du Conseil cryptique en tant que "Trois Fois Illustre Maître" (27). 
  • Hanselmann Commandery, No.16 à Cincinnati (Chevalier Templier: 13ème  degré du Rite d‘York / Sublime Prince du Royal Secret: 32ème  degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté):
    En 1875, le nom "Moore, Henry D." apparaît dans la nomenclature maçonnique du 32ème  degré de l’Etat de l’Ohio (28).  
  • Sublime Prince du Royal Secret (32ème  degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté de Cerneau)
  • Souverain Grand Inspecteur Général (33° degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté de Cerneau) 

 

Références:

  1. ROBSON Charles, The Biographical Encyclopaedia of Ohio of the nineteenth century, Cincinnati: Galaxy Publishing Company, 1876, p.166
  2. WILLIS William, The history of Portland, from 1632 to 1864, Portland: Bailey & Noyes, 1865: 2ème édition, p.677 et 678
  3. The Portland daily press, Portland: Etat du Maine, 17 octobre 1865, p.3
  4. The Portland daily press, Portland: Etat du Maine, 11 novembre 1865, p.2
  5. QUINT Alonzo H. & LANGWORTHY Isaac P., The Congregational Quarterly, Volume 8, Boston: Congregational Building, 1866, p.124
  6. FISH Daniel, Lincoln Literature, Minneapolis: Published by the Board, 1900, p.92
  7. QUINT Alonzo H. & LANGWORTHY Isaac P., The Congregational Quarterly, volume 8, Boston: Congregational Building, 1866, p.84
  8. WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY, La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah, 15 janvier 1989, p.18
  9. WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY, Les Témoins de Jéhovah - Prédicateurs du Royaume de Dieu, New York: Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., 1993, p.42
  10. WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY, Annuaire des témoins de Jéhovah 1975, New York: Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., 1975, p.35
  11. The Cincinnati Enquirer, Cincinnati: Etat de l’Ohio, 6 mars 1868, p.2
  12. QUINT Alonzo H. & LANGWORTHY Isaac P., The Congregational Quarterly, Volume 10, Boston: Congregational Building, 1868, p.223
  13. WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY, La Tour de Garde Annonciatrice du Royaume de Jéhovah, Berne: Association des Témoins de Jéhovah de Suisse, 15 novembre 1950, p.340
  14. WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY, La Tour de Garde et Messager de la Présence de Christ, La Chaux de Fonds, janvier 1912, p.159
  15. ROBSON Charles, The Biographical Encyclopaedia of Ohio of the nineteenth century, Cincinnati: Galaxy Publishing Company, 1876, p.166
  16. MOORE Henry D., An argument for the second personal coming of Jesus, the Christ, Cincinnati: Robert Clarke & Co., 1872
  17. AAMODT Terrie Dopp, Righteous Armies, Holy Cause: Apocalyptic Imagery and the Civil War, Macon: Mercer University Press, 2002, p.87 et 88
  18. GRAND LODGE OF PENNSYLVANIA, Minutes of the Right Worshipful Grand Lodge of the Most Ancient and Honorable Fraternity, volume 7, Philadelphia: Published by the Grand Lodge, 1903, p.519
  19. Ibid., volume 8, p.7 et 8
  20. The Cincinnati Enquirer, Cincinnati: Etat de l’Ohio, 26 avril 1885, p.4
  21. MOORE Henry D., The Masonic Review, volume 64, Cincinnati: Wrightson & Co., janvier 1886, p.376
  22. FINDEL J.G., Histoire de la Franc-maçonnerie depuis son origine jusqu‘à nos jours, 1er tome, Paris: Librairie Internationale, 1866, p.210 et 211
  23. MOORE Henry D., The Masonic Review, volume 64, Cincinnati: Wrightson & Co., août 1885, p.304
  24. Ibid., Janvier 1886, p.375
  25. Ibid., volume 67, Cincinnati: Wrightson & Co., février 1887, p.44
  26. Ibid., p.44
  27. MOORE Henry D., The Masonic Review, volume 63, Cincinnati: Wrightson & Co., avril 1885, p.175
  28. SUPREME COUNCIL OF NORTHERN MASONIC JURISDICTION, Proceedings of the Supreme Council, New York: Lawrence & Allen, 1875, p.100