dimanche 25 mars 2018

SENOR Samuel David (1866-1955)

Issu d'une famille d'origine modeste et rurale, Samuel D. Senor est né en 1866 dans l'Etat du Kansas aux Etats-Unis. A partir de 1887, il réalisa des études de médecine, à St Joseph, dans l‘Etat du Missouri. Deux années plus tard, il obtint son diplôme de praticien. Entre 1890 et 1892, il exerça dans cet établissement l’activité d’enseignant en chimie, toxicologie et analyse d’urine. Puis, il ouvrit son cabinet de médecin. Politiquement, Senor était un membre du partie Démocrate au début des années 1890 (CHAPMAN BROTHERS, Portrait and Biographical record of Buchanan and Clinton Counties - Missouri, Chicago:  Chapman Bros., 1893, p.564 et 565).
 

 
L'intérêt du docteur Senor pour l’enseignement des Etudiants de la Bible remonte à l‘année 1903 et peut-être avant. Il déclara dans un des périodiques de ce mouvement le récit suivant: "Il y a maintenant environ cinq ans que je suis entré dans la lumière de la Vérité Présente, et le Seigneur m’a béni avec le privilège d’avoir les six volumes de l’Aube, et les Tours de 1890, que j’ai soigneusement parcourus, et à partir desquels j’ai reçu un cours d’Etude de la Bible, une connaissance de notre Père céleste et de notre cher Seigneur, et les plans et les buts et ma relation à cela, des remerciements suffisants pour lesquels il serait difficile pour moi de mettre dans des mots" (Zion's Watch Tower and Herald of Christ's Presence, 1 juillet 1908, p.207, R.4203). Le baptême du "Frère S.D. Senor" se situe entre l'année 1903 et 1907. Son nom apparaît pour la première fois dans la littérature de la société Watch Tower, lors d’une convention à Norfolk dans l’Etat de Virginie en 1907. A cette occasion, il prononça un discours (Ibid., 1 novembre 1907, p.325, R.4081 / JONES Leslie W., Souvenir (Notes from) Watch Tower Bible and Tract Society’s Conventions, Part II, Chicago,1907, p.162).



Une année plus tard, une assemblée des Etudiants de la Bible fut organisée, à St Joseph, le 16 juillet 1908. Après cet événement, le Dr. Senor accueillit dans sa maison le Pasteur Russell (Zion's Watch Tower and Herald of Christ's Presence, 15 août 1908, p.244, R.4221 / St. Joseph Gazette, St Joseph: Etat du Missouri, 15 juillet 1908, p.2). Associé à l’ecclésia de sa ville, il réalisa également en 1908, le "vœu" suivant devant le Seigneur: "Je vous jure que je serai en alerte pour résister à tout ce qui s‘apparente au Spiritisme et à l‘Occultisme, et en me rappelant qu‘il n‘y a que les deux maîtres, je résisterai à ces pièges de toutes les manières raisonnables, comme étant de l‘Adversaire" (Zion's Watch Tower and Herald of Christ's Presence, 15 août 1908, p.254, R.4228). A cette époque, la congrégation de Samuel D. Senor était composée de 17 membres, dont son épouse Jessie T. (1871-1971). A partir du mois d’octobre 1908, il assura la fonction de Pèlerin aux côtés d'une vingtaine de frères. Pendant les 6 années que durèrent son ministère, il effectua plus de 500 visites, dans des ecclésias, à travers 22 Etats des U.S.A. Lors de ses sermons, il était dépeint dans les journaux comme "un orateur énergique, un fin penseur, et un homme de vaste savoir" (The Burlingame Enterprise, Burlingame: Etat du Kansas, 25 septembre 1913, p.1). Egalement, son rôle influent dans l’organisation de la société I.B.S.A. l’amena à participer à de nombreuses conventions. On peut citer, de manière non exhaustive, les allocutions du prédicateur Senor dans les assemblés suivantes: St. Joseph dans l’Etat du Missouri (JONES Leslie W., Souvenir notes Bible Students‘ conventions - 1909, Chicago, 1909, p.102), Saratoga dans l’Etat de New York (Idid., p.170), Piedmont dans l’Etat de l’Alabama (The Watch Tower and Herald of Christ's Presence, 15 août 1909, p.249, R.4455), Louisville dans l’Etat du Kentucky (JONES Leslie W., Souvenir notes Bible Students‘ conventions - 1910, Chicago, p.285, portrait: après la page 286), Kansas City dans l’Etat du Missouri (JONES Leslie W., Souvenir notes Bible Students' conventions - 1911, Chicago, 1911, p.21), Pertle Springs dans l’Etat du Missouri (JONES Leslie W., Souvenir notes Bible Students' conventions - 1912, Chicago, 1912, p.117), Hot Springs dans l’Etat de l’Arkansas (JONES Leslie W., Souvenir notes Bible Students’ conventions - 1913, Chicago, 1913, p.144 et 146 - Document PDF) et San Rafael dans l’Etat de Californie (The Marin Journal, San Rafael: Etat de Californie, 19 février 1914, p.5). 

The Marin Journal, 19 février 1914

Après avril 1914, le nom de Samuel D. Senor n’apparaît plus dans les ouvrages de ce mouvement religieux (The Watch Tower and Herald of Christ's Presence, 1 avril 1914, p.112). Cependant, le Dr. Senor resta impliqué dans cette organisation encore quelques années. En juillet 1914, il réalisa la cérémonie funèbre du docteur et Etudiant de la Bible Clarence Cullen Seabrook (1855-1914): "Les services ont été conduits par le Rev. S.D. Senor de St. Joseph, Mo., un disciple d‘entre ceux qui croient en "l‘Aube du Millénaire," de cette confession le Dr. Seabrook était un étudiant" (The Burlingame Enterprise, Burlingame: Etat du Kansas, 16 juillet 1914, p.1). Deux années plus tard, Senor dirigea le service religieux du défunt John H. Wilson (The Iola Register, Iola: Etat du Kansas, 21 février 1916, p.3). Ce personnage était vraisemblablement un membre Russelliste, au même titre que son épouse Julia A. Wilson (Nota. Le Pèlerin J.P. MacPherson réalisa le discours funèbre de cette Etudiante de la Bible en 1915 - Source: www.findagrave.com). 
Le 21 septembre 1955, le docteur Senor décéda. Son éloge funèbre fut célébré par Robert Nelson Spencer, un ministre de l’Eglise épiscopale (St. Joseph News-Press, St. Joseph: Etat du Missouri; 21 septembre 1955; p.4). Cet ancien évêque de l’Ouest du Missouri était également un membre impliqué dans le mouvement ésotérique Beta Theta Pi (FAWCETT K. Warren, Marching Along - A history of Beta Theta Pi Fraternity for the Twenty-five year period 1935-1960, Oxford: Beta Theta Pi, 1961, p.70). Aussi, les dernières années de la vie de Samuel D. Senor semble indiquer qu’il n’adhérait plus à l’organisation Watch Tower.

La famille Senor constitue une véritable dynastie de francs-maçons où l’initiation maçonnique fut transmise de père en fils. Membre de la loge Zeredatha No.189 à St. Joseph, le père du docteur Senor sera un guide ésotérique pour son enfant pendant 48 années. Prénommé également Samuel David Senor (1834-1914), il décéda en 1914 (The Holt County sentinel, Oregon: Etat du Missouri, 4 septembre 1914, p.8 / Emblème maçonnique sur la pierre tombale de S.D. Senor, Sr: www.findagrave.com). Ainsi, Samuel D. Senor, Jr. adhéra aux organisations maçonniques et paramaçonniques suivantes:
  • Loge No.12 (Woodmen of the World: W.W.): Avant 1893, S.D. Senor fut "commandant du conseil" de cette loge paramaçonnique implantée dans la ville de St. Joseph (CHAPMAN BROTHERS, Portrait and Biographical record of Buchanan and Clinton Counties - Missouri, Chicago:  Chapman Bros., 1893, p.565).
  • St. Joseph Lodge, No.78 (Anciens  Maçons Libres et Acceptés: A.F. & A.M.): L’intérêt du docteur Senor à la Franc-maçonnerie semble remonter, suivant les registres maçonniques, au minimum à partir de l’année 1886. Dix années plus tard, il assura la fonction de Vénérable Maître dans sa loge (GRAND LODGE A.F. & A.M. OF MISSOURI, Official Proceedings of the seventy-sixth annual communication of the M.W. Grand Lodge A.F. and A.M. of the State of Missouri, St. Louis: Woodward & Tiernan Printing C., 1896; p.167). En septembre 1906, il fut suspendu, par la Grande Lodge du Missouri, pour "non-paiement de cotisations" (GRAND LODGE A.F. & A.M. OF MISSOURI, Proceedings Grand Lodge A.F. & A.M. Missouri, Volume 2, St. Louis: Woodward & Tiernan Printing C., 1906, p.265 et p.266). Au début de l’année 1914, il établit des démarches pour renouveler son inscription maçonnique. Ainsi, il sera "réintégré" dans sa loge, composée de 285 membres, avant le mois de septembre 1914 (WOODS Charles C., Grand Lodge A.F. and A.M. Missouri - 1914, Volume 2, St. Louis: 1914, p.172 et p.202). Après vérification dans les "délibérations" de la loge St. Joseph No.78, il restera un adepte de cette communauté jusqu’à la date minimum de 1932. 
    A l’instar de son père, le Dr. Samuel Earl Senor (1896 ou 1897-1975) fut également un adepte de cette même loge. Ainsi, on retrouve le nom du fils de Samuel David Senor dans un ouvrage maçonnique en 1969 (GRAND LODGE A.F. & A.M. OF MISSOURI, Grand Lodge Ancient, Free and Accepted Masons of the State of Missouri - Official Proceedings One Hundred Forty-Eighth Annual Communication, St. Louis, 1969; p.61). Par ailleurs, S.E. Senor fut initié à la société à secrets, Alpha Tau Omega, en 1917 (ALPHA TAU OMEGA FRATERNITY, The Palm, Vol. 95, No.2, Champaign, mai 1975, p.29 / Ibid., Vol.95, No.3, septembre 1975, p.37). 
  • Lodge No. 14 (Maçonnerie de l’Arche Royale: R.A.M.): S.D. Senor perfectionna sa connaissance ésotérique en accédant aux hauts grades maçonniques. Dans la ville de St. Joseph, il participa aux Chapitres (4ème - 7ème degré) du rite d’York au minimum à partir de 1893 (CHAPMAN BROTHERS, Portrait and Biographical record of Buchanan and Clinton Counties - Missouri, Chicago:  Chapman Bros., 1893, p.565). Le 24 avril 1895, il fut initié à "l’Ordre de la Haute Prêtrise": Degré honorifique conféré aux Grands Prêtres des Chapitres du R.A.M. (GRAND CHAPTER OF ROYAL ARCH MASONS OF MISSOURI, Official proceedings of the Grand Chapter of Royal Arch Masons of the State of Missouri, St. Louis, 1905, p.106). En 1905 et 1910, le nom de "Senor, Samuel D." figurait sur la "liste des membres de l’Ordre de la haute Prêtrise" (idid. / GRAND CHAPTER OF ROYAL ARCH MASONS OF MISSOURI, Official proceedings of the Grand Chapter of Royal Arch Masons of the State of Missouri, No.64, St. Louis, 1910, p.155). En 1932, il apparaît toujours dans les registres maçonniques comme un membre actif de cet ordre. Il n’est pas listé comme un adepte "mort", "suspendu" ou "retiré" (DENSLOW Ray V., A History of Royal Arch Masonry in the state of Missouri, Vol. 2, St Louis: Grand Chapter Royal Arch Masons state of Missouri, 1932, p.933). 


// Une double appartenance: entre Russellisme et Franc-maçonnerie.
Pendant 3 années (1903-1906), Samuel D. Senor fréquenta parallèlement deux loges maçonniques et une ecclésia de l’Association Internationale des Etudiants de la Bible. Suite à sa suspension de la loge St. Joseph No.78, le docteur Senor n’adhéra plus, entre septembre 1906 et 1914, qu’au mouvement initié par le Pasteur Russell. Néanmoins, pendant cette période de 8 années, son implication dans l’Ordre de la Haute Prêtrise reste une hypothèse probable mais pas certaine.
Après sa réintégration dans sa loge d’adoption, quelques mois avant septembre 1914, il continua également à côtoyer la société Watch Tower et la Maçonnerie de l’Arche Royale jusqu’à une date inconnue. 
Lors de son activité de Pèlerin, le Frère Senor fut amené à prodiguer des conférences dans divers lieux ésotériques: halls des Chevaliers de Pythias (The Osage County Chronicle, Burlingame: Etat du Kansas, 15 octobre 1908, p.7 / The Burlingame Enterprise, Burlingame: Etat du Kansas, 25 septembre 1913, p.1 / Santa Cruz Evening News, Santa Cruz: Etat de Californie, 6 mars 1914, p.4 / The Sacramento Union, Sacramento: Etat de Californie, 14 mars 1914, p.5), halls de la société paramaçonnique G.A.R. (The Iola Register, Iola: Etat du Kansas, 28 octobre 1908, p.3 / The Topeka state journal, Topeka: Etat du Kansas, 25 octobre 1910, p.2 / The Evening Star, Independence: Etat du Kansas, 18 Février 1911, p.1) et hall de la Franc-maçonnerie pour une convention de la société I.B.S.A. (The Marin Journal, San Rafael: Etat de Californie, 19 février 1914, p.5). Par conséquent, il parait vraisemblable que son cercle social ésotérique contribua dans une certaine mesure, à obtenir ponctuellement comme salles de réunions pour la société Watch Tower, des locaux appartenant à différentes sociétés à secrets.
Par ailleurs, le prédicateur Senor donna parfois à certains de ces discours Russellistes une "coloration maçonnique." Par exemple, en 1909, il prononça sans détour la phrase suivante lors d‘une convention à St. Joseph: "Nous désirons ressembler au doux parfum de l’encens qui a précédé le Grand Prêtre dans le très saint" (JONES Leslie W., Souvenir notes Bible Students‘ conventions - 1909, Chicago, 1909, p.103). Riche de sa culture maçonnique et de son initiation comme Grand Prêtre de la Maçonnerie de l’Arche Royale, Senor utilisa une double sémantique: biblique et ésotérique. 
 

samedi 24 mars 2018

Colonne brisée

Lors d’une tournée de conférences en automne 1916, Charles T. Russell décéda dans un train qui traversait Pampa au Texas. Selon son secrétaire Menta Sturgeon, "il mourut en héros" au début de l’après-midi du 31 octobre. Le soir même, son cadavre fut "embaumé" à Waynoka dans l’Etat du Kansas (The Monett Times, Monett: Etat du Missouri, 3 novembre 1916, p.4). Ensuite, ses disciples rapatrièrent sa dépouille à New York. Son corps fut exposé, le samedi 4 novembre, au Béthel et au Temple pendant toute la journée du dimanche (WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY, Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins, New York: Watchtower Bible and Tract Society of New York, édition 1971, p.61 et 62). Dans ce bâtiment situé au 63e rue Ouest, un service funèbre privé fut célébré pour l’ecclésia, tandis que le soir une cérémonie eut lieu pour le public. Lors du rituel funéraire, une colonne brisée fut placée à proximité du défunt: "Au pied du cercueil a été placé un pilier cassé de fleurs, représentant convenablement ce cher corps qui, comme le corps du seigneur, avait été cassé dans le service des frères; tandis qu’à la tête était une croix florale magnifique et la couronne, la croix symbolisant sa part dans la mort du Christ, et la couronne symbolisant la couronne de la gloire, que nous le croyons maintenant porte avec notre cher seigneur dans le ciel (…)" (The Watch Tower and Herald of Christ's Presence, 1 décembre 1916, p.359-360). Cet emblème apparaît également sur une photographie éditée dans la revue La Tour de Garde (The Watch Tower and Herald of Christ's Presence, 15 novembre 1916, R.5996).
La colonne brisée ("broken pillar", en anglais) est un symbole riche de sens et possédant un impact puissant dans l’univers ésotérique des francs-maçons.

dimanche 11 mars 2018

YOUNG Albert DeForest (1873-1938)

Avant d’entamer une longue carrière de médecin, Albert D. Young passa son enfance à Corry dans l‘Etat de Pennsylvanie. En 1895, il termina ses études dans un collège médical de Cleveland. Le docteur Young commença à exercer son métier, dans le petit village de Panama, situé à l’Ouest de l’Etat de New York. Pendant huit années, il résida dans cette localité et il épousa Eleanor Cook en 1897. Outre sa passion pour la thérapeutique, il était un citadin particulièrement impliqué dans la vie culturelle, musicale et associative du comté de Chautauqua. En 1906, il se déclara candidat du parti social-démocrate à la mairie de la ville de Jamestown, dans l'Etat de New York, où il résidait depuis 1903 (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 3 avril 1906, p.5). Concurrent perdant lors de cette élection, il obtint 338 des voies sur 5066 votants (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 22 octobre 1935, p.5). A la fin de l’année 1907, il déménagea au Nord du lac Chautauqua, dans le village de Mayville.


L'intérêt de Albert D. Young pour la société Watch Tower semble remonter à l'année 1907. En avril, il accueillit à son domicile le pèlerin Matthew L. McPhail qui réalisa un discours (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 13 avril 1907, p.1). Parallèlement, il était engagé dans la "Fraternité Méthodiste" en qualité d’officier (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 21 octobre 1907, p.9). Deux années plus tard, le docteur Young participa à une assemblée des Etudiants de la Bible organisée à Mayville. Lors de cet événement, il réalisa une "prière de service" (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 30 juin 1909, p.10). Par conséquent, la date de son adhésion par le baptême à la société I.B.S.A. se situe entre l’année 1907 et 1909. En qualité d’orateur et de responsable du service des chants, Young collabora activement avec l’organisation Watch Tower à l’élaboration de nombreuses manifestations entre 1909 et au minimum jusqu’à la date de 1914. Notamment, il participa aux conventions générales en 1910 à Celoron et en 1911 à Chautauqua (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 13 août 1910, p.5 / JONES Leslie W., Souvenir notes Bible Students' conventions - 1911, Chicago, 1911, voir la photographie du "Dr. A.D. Young" / The Watch Tower and Herald of Christ's Presence, 1 octobre 1911, p.374, R.4889). 
Le désengagement religieux de Albert D. Young envers les Russellistes se situe vraisemblablement entre la fin de l’année 1914 et 1916. Dès lors, il participa à des "concerts" dans des églises Méthodistes en 1916 et 1917 ainsi que dans un sanctuaire Baptiste en 1916 (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 1 novembre 1916, p.13 / Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 3 avril 1917, p.14). En avril 1918, Albert D. Young se porta "volontaire" dans le département médical militaire des Etats-Unis. Sa demande fut acceptée au mois de mai. Sous le statut de Capitaine, il participa à la fin de la Première Guerre mondiale en France (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 24 septembre 1938, p.6). En 1921, il était un membre de la Légion Américaine: William L. Travis Post, No.493. A la fin de sa vie, il s’établit dans l’Etat de Californie, où il décéda en 1938.

Le Dr. Albert D. Young adhéra à une pluralité de sociétés maçonniques et paramaçonniques. Il fréquenta activement sept organisations à secrets:
  • Mayville Camp No.154 à Mayville (Woodmen of the World: W. of .W.): Avant l’année 1909, Young adhéra à l’organisation initiatique des "Forestiers du Monde". En 1909, il fut nommé président de sa loge (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 10 février 1909, p.5). En 1913 et 1914, un journal local le désigne toujours comme un des officiers de cette société (The Westfield Republican, Westfield: Etat de New York, 8 janvier 1913, p.1 / The Westfield Republican, Westfield: Etat de New York, 31 décembre 1913, p.5). Quelques années plus tard en 1917, il organisa dans sa résidence le banquet annuel de sa cellule paramaçonnique (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 1 février 1917, p.11). Selon une courte biographie du docteur Young réalisée en 1921, il restera un membre de cette organisation au minimum jusqu’à cette date (DOWNS John P., History of Chautauqua County New York And Its People, Volume III, Boston: American Historical Society, Inc., 1921, p.558).

The Westfield Republican, Westfield: Etat de New York, 8 janvier 1913, p.1

  • Jamestown Camp No.61 (Ordrer of the Golden Seal): En 1904, le "Dr. A.D. Young" participa à un "programme musical" à la fin de l’élection des membres de l’Ordre du Sceau d’Or (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 10 février 1904, p.8). Son implication lors de cet événement solennel, nous permet de supposer qu’il était probablement un adepte de ce mouvement initiatique.
  • Mayville lodge (Knights of the Maccabees: K.O.T.M.): En qualité d’orateur pour la société Watch Tower, Albert D. Young réalisa, en 1912 et 1913, plusieurs discours dans des halls appartenant aux Chevaliers des Maccabées. Déjà à cette époque, le prédicateur Young entretenait des liens multiples de collaborations logistiques avec cette organisation à secrets. Néanmoins, ces allocutions réalisées dans les villes de Tonawanda et Batavia ne nous permettent pas de savoir si, pendant ces deux années, il était un adepte de cette institution (The Evening News, North Tonawanda: Etat de New York, 12 avril 1912, p.4 / The Times, Batavia: Etat de New York, septembre 1913, p.2). C’est à une date antérieure à 1919, que Young fut initié à une loge implantée dans le village de Mayville. Ainsi en 1919 et 1920, il fut désigné, dans différents journaux locaux, comme un des officiers de cette fraternité (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 15 et 16 décembre 1919 / Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 14 décembre 1920, p.9). L’année suivante dans un ouvrage historique du comté de Chautauqua, l’auteur Johns P. Downs dépeint Young comme un "membre" de cette communauté (DOWNS John P., History of Chautauqua County New York And Its People, Volume III, Boston: American Historical Society, Inc., 1921, p.558). Par conséquent, il demeura un adepte de cette structure paramaçonnique au minimum jusqu’en 1921.  

 Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 16 décembre 1919

  • Independent Order of Odd Fellows (I.O.O.F.): En 1913, l’Etudiant de la Bible Young ainsi que la loge Mount Tabor concoururent à la cérémonie funèbre de Mrs Franklin Broadhead (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 27 mars 1913, p.6). Cependant, ce document ne permet pas de déduire qu’il était, à cette époque, un membre de l’Ordre des Camarades Etranges. Sept années plus tard, il assista à un "service à la mémoire de Charles Graham", organisé conjointement par "Mayville lodge I.O.O.F. et Chautauqua Rebeka lodge". Cette cérémonie se déroula dans le hall des "Odd Fellows" (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 13 avril 1920, p.2). En 1921, l’adhésion de Young à cette organisation ésotérique est attestée par l’historien Johns P. Downs (DOWNS John P., History of Chautauqua County New York And Its People, Volume III, Boston: American Historical Society, Inc., 1921, p.558). L’année suivante, la loge Mayville de la société I.O.O.F. acheta la propriété, du docteur Young et de son épouse, située à l’angle des rues South Erie et Ash à Mayville (The Westfield Republican, Westfield: Etat de New York, 7 juin 1922, p.3). 
  • Loge maçonnique: A travers ces activités professionnelles, musicales et associatives, Albert D. Young tissa, dès le début du XXème siècle, des liens amicaux avec la communauté maçonnique locale (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 12 mai 1903, p.5 / Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 6 mars 1916, p.8). En 1917, lors d‘une  manifestation pour la "protection de l’enfance" le Dr. A.D. Young chanta au côté d’un "orchestre Maçonnique" (Buffalo Evening News, Buffalo: Etat de New York, 27 avril 1917, p.18  / Buffalo Evening News, Buffalo: Etat de New York, 30 avril 1917, p.10). Quatre années plus tard, le biographe Johns P. Downs écrivit au sujet de Young: "il est un membre de la fraternité Maçonnique" (DOWNS John P., History of Chautauqua County New York And Its People, Volume III, Boston: American Historical Society, Inc., 1921, p.558). Par conséquent, il fut un franc-maçon au minimum jusqu’en 1921.  
  • Chevalier Templier (13° degré du Rite d‘York) ou Sublime Prince du Royal Secret (32° degré du Rite Eccosais - Scottish Rite): Le franc-maçon Albert D. Young perfectionna sa culture ésotérique en accédant aux hauts grades maçonniques.
    Dès le début du XXème siècle, il fréquenta, grâce à son cercle social, le docteur et Chevalier Templier Alvin Button Rice. En 1903, il assista aux obsèques de son confrère. La cérémonie fut célébrée selon les rites maçonniques de sa loge: Jamestown Commandery No.61 (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 12 mai 1903, p.5). Après son décès, le médecin Young occupa, pendant quelques années, le bureau médical du défunt Rice (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 16 juin 1903, p.10). En 1908, les Chevaliers Templiers de Jamestown organisèrent un vaste rassemblement qui arborait fièrement "la croix et la couronne de l‘ordre". Lors de cet événement, le nom de "A.D. Young" est désigné, dans un journal local, comme un membre de la loge Clarence Commandery, No.51 situé à Corry en Pennsylvanie (Jamestown Evening Journal, Jamestown: Etat de New York, 25 février 1908, p.5). Néanmoins, il est possible que ce personnage soit un homonyme du docteur Albert D. Young, bien que celui-ci vécut également à Corry, un village distant de Mayville d’environ 43 km.
    En 1921, l’écrivain Johns P. Downs relata dans un ouvrage à caractère historique l’appartenance de Young au "trente-deuxième degré Maçon" (DOWNS John P., History of Chautauqua County New York And Its People, Volume III, Boston: American Historical Society, Inc., 1921, p.558).
  • Ordre Arabe Ancien des Nobles du Sanctuaire Mystique (A.A.O.N.M.S.): En 1921, Albert D. Young est décrit, à travers une biographie locale, comme "un membre du Sanctuaire" (Ibid). Les adhérents de cet ordre ésotérique sont "recrutés exclusivement parmi les 33e du Rite (Ecossais) Ancien et Accepté et les Knights Templars (Chevaliers du Temple)" (LIGOU Daniel, Dictionnaire de la Franc-maçonnerie, Vendôme: Editions P.U.F., 4ème édition: 1998, p.1134). Par conséquent, Young fut initié à un de ces deux hauts degrés maçonniques.
// Affiliations plurielles: entre "Russellisme", mouvements paramaçonniques et Franc-maçonnerie:
A partir de 1909 au minimum, Albert D. Young fréquenta parallèlement une loge des "Forestiers du Monde" et une ecclésia de la société I.B.S.A. Cette collaboration multiple dura plus de 5 années: 1909-1914. Pendant cette période, le docteur Young occupa des fonctions à haute responsabilité dans ces deux organisations. Egalement, il fut peut-être associé conjointement avec l’Ordre du Sceau d’Or, les Chevaliers des Maccabées et l’Ordre des Camarades Etranges.  
Par ailleurs, des faisceaux d'indices précis et concordants permettent d'affirmer qu’il noua, avant son affiliation à la société Watch Tower, des liens fraternelles avec la communauté maçonnique locale. Ces échanges se poursuivirent durant et après son association avec l’organisation des Etudiants de la Bible.


 The Westfield Republican, 29 avril 1914, p.8

Les allocutions du prédicateur Young se déroulaient parfois dans des lieux ésotériques, tels que des halls appartenant aux Chevaliers des Maccabées (The Evening News, North Tonawanda: Etat de New York, 12 avril 1912, p.4 / The Times, Batavia: Etat de New York, septembre 1913, p.2). En 1914, il donna un discours dans une "Chambre Maçonnique" (Westfield Republican, Westfield: Etat de New York, 29 avril 1914, p.7 et 8). Cette expression, peu usitée, désigne généralement une loge, c’est-à-dire la pièce où se réunissent les francs-maçons lors de leurs cérémonies. Ainsi, les "vérités bibliques" des Russellistes étaient alors enseignées dans un cadre purement occulte.