dimanche 12 décembre 2021

Introduction générale

 


Avec leur zèle sincère à prêcher en tous lieux, leurs doctrines parfois clivantes et leur communauté  plutôt fermée (1), la société Watch Tower - plus connu du grand public sous la forme cultuelle les Témoins de Jéhovah - fascine et interroge toujours autant. Une certitude: le monde de cette organisation est constamment en expansion. Plus de huit millions de "frères et sœurs" collaborent activement dans le monde.
Selon le corps gouvernant de ce mouvement, il affirme que Dieu lui fait directement comprendre la Bible, mais de façon progressive. Cette communication privilégiée est rendue possible par son statut de "prophète" (2) de Jéhovah qu’il revendique sans toutefois bénéficier d’une quelconque inspiration de sa part.  Ainsi, "l'esclave fidèle et avisé"
(3) reconnaît de manière sporadique quelques "erreurs" doctrinales (4). Paradoxalement, de nos jours et à l‘instar des deux siècles précédents, il prétend être dans "la vérité" débarrassée de tout paganisme, occultisme et traditions humaines (5 et 6).
Pourtant, un œil averti et un regard distancié permettent, à la fois explicitement mais aussi en creux, de discerner l'influence dans une certaine mesure des courants de pensées ésotériques sur cette nouvelle religion née au début des années 1870 (7).
Pour des personnes n’ayant pas une connaissance précise et fine du passé, l’organisation Watch Tower peut sembler être antagoniste à l’ensemble des philosophiques hermétiques (8 et 9). Cette vision binaire et déformée de la réalité résulte bien souvent d’une hagiographie qui passe sous silence la richesse des détails historiques. Cependant, de nombreux faits tangibles révèlent de multiples affinités entre ces deux milieux. C’est pourquoi, ce travail de mémoire, réalisé pendant une période d'une quinzaine d'années, tend à constituer une synthèse des différents liens, réseaux d’interactions et des connexions établies au cours de son histoire entre d'une part la société Watch Tower et de l'autre toutes formes d'ésotérismes. Enfin, nous souhaitons montrer comment le discours ésotérique a pu partiellement se développer au sein de cette spiritualité, au point d’en constituer aujourd’hui parfois un élément ordinaire. Il s’agit ici d’une réflexion exigeante, tolérante mais non complaisante de la réalité historique et sociologique avec toutes ses mutations, ses nuances et parfois ses ambiguïtés.

Le grand soin apporté à la vérification de toutes les données exposées dans ce blog a nécessité la consultation d’indénombrables sources souvent originales: ouvrages anciens et récents, brochures, articles de journaux, registres de loges, archives et documentations diverses. Tout en veillant scrupuleusement, dans le cas où il s’agit de critiques, à la réalité des éléments évoqués. A l'instar des Béréens (Actes 17:11), le lecteur est invité à vérifier l'ensemble des sources citées et à consulter d'autres supports qui énoncent des idées divergentes. En conscience, un observateur avisé tirera ses propres conclusions. 

Références et note:

  1. HOLDEN Andrew, Jehovah‘s Witnesses: portrait of a contemporary religious movement, Londres: édition Routledge, 2003
  2. La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah, Berne (Suisse): Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, 1er mars 1965, p.133
  3. "L'esclave fidèle et avisé" constitue un petit groupe de chrétiens choisis par l’esprit de Dieu. Ces oints composés de quelques hommes sont le Collège central des Témoins de Jéhovah.
  4. La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah, Berne (Suisse): Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, 15 juillet 1963, p.444
  5. La Tour de Garde Annonciatrice du Royaume de Jéhovah, Berne (Suisse): Association des Témoins de Jéhovah de Suisse, 15 novembre 1950, p.342
  6. La Tour de Garde Annonciatrice du Royaume de Jéhovah, Berne (Suisse): Association des Témoins de Jéhovah de Suisse, 15 mars 1954, p.92
  7. WATCHTOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY, Comment raisonner à partir des Ecritures, Selters, 1989, p.397
  8. WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY,  What say the Scriptures about spiritualism? Proofs that it is demonism, Allegheny, 1897, 122 pages
  9. Réveillez-vous!, 22 août 1986, Boulogne-Billancourt: Association "Les Témoins de Jéhovah", p.3-10

Avertissement:
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BIRNEY John T. (1858-1890)

A l’instar de son père, John T. Birney - un des cousins de Charles T. Russell - appartenait à la loge maçonnique "Dallas Lodge, No. 508" dans la ville de Pittsburgh. Son adhésion est attestée au minimum pour l’année 1889 (1). Ainsi, il restera fidèle à cette fraternité jusqu'à son décès survenu en 1890 (2).  

Par ailleurs, l'industriel Thomas B. Riter (3) fut membre de la même loge maçonnique (4).

Pittsburg Dispatch, Pittsburgh: Etat de Pennsylvanie, 10 février 1890, p.3
 
Références:
  1. CUSHING Thomas, A Genealogical and Biographical History of Allegheny County, Pennsylvania, Baltimore: Genealogical Publishing Co., réédition de 1975, p.746 - 1ère édition: 1889
  2. Pittsburg Dispatch, Pittsburgh: Etat de Pennsylvania, 10 février 1890, p.3 
  3. En 1873, Thomas Benton Riter s'associa avec William H. Conley, le futur premier président de la société Watch Tower, pour créer l'entreprise Riter-Conley (Fabricant de produits en acier: 55 et 56 Water Street, Pittsburgh).
  4. JORDAN John W., Encyclopedia of Pennsylvania biography, Volume 1, 1914, p.145

jeudi 4 mars 2021

MENERAY William Henry (1871-1960)

 

 

"Des gens au cœur sincère, désireux de plaire à Dieu et décidés à le servir en dépit des difficultés, continuaient à se manifester. Citons entre autres un ancien capitaine de l‘armée, William Meneray. En 1906, en faisant le ménage dans le bureau du télégraphe à Souris au Manitoba, juste avant de rentrer chez lui à Winnipeg, il trouva plusieurs périodiques La Tour de Garde. Il s‘agissait de numéros anciens, datant de 1893 et 1894, mais il les emporta quand même. Sa femme en lut quelques-uns et lui recommanda de les lire lui aussi. Le premier article qu‘il lut était la réimpression d‘une brochure de la Société Watch Tower sur l‘enfer. Meneray écrivit aussitôt aux bureaux de la Société pour demander s‘il y avait à Winnipeg des adeptes de ces croyances. On lui donna les noms de M. et Mme Reginald Taylor et de M. et Mme Hamilton. (...). Non content de donner le témoignage dans sa propre région, Meneray établit un véritable service par correspondance. Par ce moyen, il envoyait des tracts et des brochures à des personnes isolées. On y retrouvait des titres fascinants, comme Thieves in Paradis? (« Les Voleurs au paradis ») et What Is the Soul? (« Qu’est-ce que l’âme? »). Ces imprimés furent envoyés jusqu’au Yukon. George Naish mentionne qu’il suscitèrent de l’intérêt chez les Carment et les Rainbow, à Kamsack, en Saskatchewan. William Meneray accompagne C. Russell et d‘autres Etudiants de la Bible dans un voyage autour du monde qui leur montra la nécessité d‘un témoignage à l‘échelle mondiale. Frère Meneray maintint sa fidélité jusqu‘à la fin de sa vie terrestre, le 21 janvier 1960" (WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY, Annuaire des Témoins de Jéhovah 1979, Wiesbaden (Allemagne): Wachtturm-Gesellschaft, 1979, p.90).

(The Winnipeg Evening Tribune, Winnipeg: Canada, 27 janvier 1960, p.26)

 

samedi 13 février 2021

WALTER George (1844-1903)

 

Issu d’une famille pieuse d‘origine germanique, George Walter est né en 1844 dans la ville de Butler, située à environ 50 kilomètres au Nord de Pittsburgh, dans l‘Etat de Pennsylvanie. Son père, Jacob Walter exerça, pendant de nombreuse années, le ministère de pasteur luthérien dans une Église locale et l’activité profane de meunier (1). Aussi, il initia son fils, George, à ce métier agricole. A sa mort en 1865, il succéda à l’entreprise familiale, qui deviendra quelques décennies plus tard: George Walter & Sons. Parallèlement, il occupa les fonctions politiques et administratives suivantes: conseiller municipal pendant sept mandats (1871-1890), directeur d’école (1871-1875) et shérif du comté de Butler sur la liste des Démocrates en 1876 (2). Sur le plan matrimonial, il épousa Anna Elizabeth Troutman en 1866. Ensemble, ils eurent quatre enfants: Jacob A., Charles E., Mary A. et George W. Après le décès de son épouse, il se remaria en 1876 avec Mary T. Troutman, la sœur de sa défunte femme. De cette union naîtra une fille prénommée Katherine.
L’intérêt de George Walter pour l’Association Internationale des Etudiants de la Bible remonte aux derniers décennies du XIXème siècle. Un ouvrage relatant l’histoire municipale de Butler, nous permet d’appréhender la genèse de ce mouvement spirituel dans la cité: "une branche de la société religieuse connue comme "l’Aube du Millénaire" existe à Butler depuis 1888. Le chef de la société est le Rev. Russell de Pittsburgh. Des réunions ont eu lieu pendant un certain nombre d’années à la résidence du regretté George Walters" (3 et 4). En 1890, il demanda au juge McJunkin de rédiger un testament en faveur de sa nouvelle confession (5). Quelques années plus tard, en 1897, il rencontra vraisemblablement le pasteur Russell lors d’un discours à Butler (6). Aussi, sous l’égide de la société Watch Tower, George Walter participa à la création et au développement de l’ecclésia de sa ville. En 1899, 13 adeptes étaient recensés lors de la célébration du mémorial (7). Lors de son décès survenu en février 1903, Charles T. Russell prononça son éloge funèbre au côté, entre autres, d‘une délégation maçonnique: "Depuis sa dernière résidence sur South Washington St., les funérailles du lundi après-midi ont été conduites par son Pasteur, Rev. C.T. Russell d’Allegheny, et ont été suivies par les Maçons, les officiers du comté et des foules d’anciens amis" (8).

(The Butler Citizen, Butler: Etat de Pennsylvanie, 19 février 1903, p.2) 

Quelques jours après ces obsèques, le journal local The Butler Citizen détailla les dispositions testamentaires du défunt. Son épouse et ses quatre enfants héritèrent d’une assurance vie d’un montant de 11 000 dollars et d’un bien immobilier: un moulin. La société "Watch Tower Bible and Tract Society of Allegheny City" bénéficia, quant à elle, d’un legs de 1 000 dollars: l’équivalent aujourd’hui d’environ 24 000 euros (9).

(The Butler Citizen, Butler: Etat de Pennsylvanie, 26 février 1903, p.3) 
 
Conjointement à son engagement religieux, George Walter adhéra à deux associations initiatiques dotées de rituels secrets: 
  • Loge maçonnique (Maçons Libres et Acceptés: F. & A.M.):
    En 1895, un recueil mémoriel de la ville qualifie George Walter de "membre éminent de l’ordre Maçonnique" (10). Son adhésion à ce cénacle ésotérique est donc antérieur à cette date. En 1903, une députation de francs-maçons assista à ses obsèques (11). Six années plus tard, une courte biographie de sa vie témoigne de son engagement comme un frère trois-points (12). 
  • Loge paramaçonnique (Ancient Order of United Workmen: A.O.U.W.):
    George s’associa avec l’Ancien Ordre des Ouvriers Unis: une fraternité hermétique créée par le franc-maçon John J. Upchurch (1820-1887). Son adhésion à cette communauté est attestée en 1895 (13). En 1909, un ouvrage biographique relaya également cette information (14).
A l’instar de George Walter, ses deux fils adhérèrent, de même, à des organisations ésotériques:
  • WALTER Jacob Albert (1867-1914): Woodmen of the World (L’emblème de cette société est gravé sur sa pierre tombale).
  • WALTER Charles Edward (1870-1965): Fraternal Order of Eagles, Benevolent and Protective Order of Elks et Woodmen of the World (15). 
 
Références et note:
  1. BROWN Robert C., History of Butler County, Pennsylvania, Chicago: R.C. Brown & Co., 1895, p.789
  2. Ibid., p.130, 318, 319, 360 et 789
  3. McKEE James A., 20th Century History of Butler and Butler County, Pa. And Representative Citizens, Chicago: Richmond-Arnold Publishing Co., 1909, p.466
  4. Lors de la rédaction de cet ouvrage, une erreur orthographique de son nom de famille "Walter"  a échappé à la vigilance de son auteur.
  5. The Butler Citizen, Butler: Etat de Pennsylvanie, 26 février 1903, p.3
  6. The Butler Citizen, Butler: Etat de Pennsylvanie, 4 novembre 1897, p.3
  7.  Zion’s Watch Tower and Herald of Christ’s Presence, Allegheny: Tower Publishing Co., 15 avril 1899, p.94, R2457
  8. The Butler Citizen, Butler: Etat de Pennsylvanie, 19 février 1903, p.2
  9. The Butler Citizen, Butler: Etat de Pennsylvanie, 26 février 1903, p.3
  10. BROWN Robert C., History of Butler County, Pennsylvania, Chicago: R.C. Brown & Co., 1895, p.789
  11. The Butler Citizen, Butler: Etat de Pennsylvanie, 19 février 1903, p.2
  12. McKEE James A., 20th Century History of Butler and Butler County, Pa. And Representative Citizens, Chicago: Richmond-Arnold Publishing Co., 1909, p.740 et 741
  13. BROWN Robert C., History of Butler County, Pennsylvania, Chicago: R.C. Brown & Co., 1895, p.789
  14. McKEE James A., 20th Century History of Butler and Butler County, Pa. And Representative Citizens, Chicago: Richmond-Arnold Publishing Co., 1909, p.741
  15. Ibid., p.741